T. Berns, « Exposition du politique au mal ou absorption du mal par le politique : Machiavel et la philosophie », in : Les archives de philosophie du droit et de philosophie sociale (ARSP), vol. 87-3, 87, 2001, p.363-372
Machiavel a pensé le politique comme ce qui est essentiellement exposé au mal, c’est-à-dire ce qui s’impose dans la violence, ce qui s’enrichit dans le conflit et la division, ce dont la guerre est l’horizon, et ce qui ne peut que se corrompre, sinon justement en se pensant dans son exposition au mal. Contre cela, Bodin, Montaigne ou Descartes construiront le politique moderne comme ce qui doit explicitement être pensé en rupture par rapport à cette possibilité du mal, avant que le contractualisme ne parvienne à la dissoudre définitivement. La dichotomie essentielle, originaire et nécessairement impensée, parce que constitutive, de la philosophie politique est alors la suivante : faut-il penser le politique comme exposition au mal, ou comme absorption et dissolution du mal ?