1988
Editions Mardaga
« La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Cette sentence de La Fontaine suggère l’idée d’un pouvoir qui ne doit pas se justifier. Il a pour lui la force. Or la philosophie politique vise traditionnellement le contraire : le pouvoir est tenu de se légitimer devant le tribunal de la raison. D’où la question fondamentale posée par l’ouvrage de Guy Haarscher : comment le politique doit-il justifier sa domination et la hiérarchie gouvernants-gouvernés ? Quel type de discours utilise-t-il dans ce but ?
La version moderne du politique se trouve au centre du livre. Si toutes les fins se valent, si la raison se réduit à la mise en oeuvre de politiques particulières , si la morale s’identifie à la page blanche que le politique s’interdit de remplir, la « raison du plus fort », technicienne et instumentale, rique de régner au coeur même de la Cité. La raison se trouverait de la sorte radicalement renversée : au départ conçue comme recours critique ultime, elle se serait transformée en une application aveugle de moyens, dont la barbarie ne pourrait être a priori exclue.
Mais comment en est-on arrivé à ce qui apparaît, au moins au premier regard, comme un appauvrissement de la raison ? (…) Guy Haarscher ne nous offre pas seulement une nouvelle conception du politique, qui réintègre celui-ci dans la rationalité. IL réactualise également pour nous les racines historiques d’une telle théorie, pour la confronter aux enjeux philosophiques les plus contemporains.
L’originalité de cet ouvrage consiste à repenser avec lucidité critique le statut de la « chose publique ».