Études philosophiques, n°3, septembre 2003
Presses Universitaires de France, Paris
Cet article fait le pari qu’il est possible d’assigner à Rousseau une théorie cohérente de la propriété et se propose de reconstruire cette théorie en distinguant, à partir des configurations empiriques de l’institution de propriété mobilisée par l’auteur, les trois moments logiques et chronologiques d’une histoire philosophique de la propriété : la propriété commune originaire, le domaine réel des États, les propriétés (publique et privée) dans l’état civil. Cette théorie se laisse ainsi ramener à trois propositions essentielles : la propriété, rendue nécessaire par l’évolution de l’espèce, n’en est pas pour autant moralement légitime, c’est pourquoi il revient à la loi, républicaine de tracer la frontière entre le domaine public et celui des particulier de sorte que, dans l’état civil, le droit de propriété est inviolable et absolu, quoique certaines des jouissances qu’il offre puissent être indirectement limitées dans le but de promouvoir l’accès de tous à la propriété. Dans cet article, j’ai voulu montrer la fécondité, pour l’histoire de la philosophie, d’une approche qui fasse droit à la pensée juridique et aux catégories du droit empirique. C’est en effet grâce à cette méthode qu’il devient possible de rendre compte de la théorie de Rousseau et de porter un jugement informé sur son actualité.
Pour télécharger l’article (version Word), il suffit de cliquer sur l’icône.